Historique du Club Vosgien et de la Section de Thann

C’est en 1815 qu’un authentique touriste, Chrétien Maurice Engelhardt y fit son apparition. Grand fervent de la nature, ce Strasbourgeois véritable précurseur du tourisme en montagne, visita les Vogelsteine et le Rossberg nous laissant un récit débordant d’enthousiasme de cette randonnée aventure.
Ce n’est que quelques dizaines d’années plus tard qu’un botaniste, le professeur Kirschleger donna un nouvel élan en organisant pour ses étudiants de l’Université de Strasbourg des excursions collectives dans les Vosges.

 

C’est en 1868 que l’idée de la création d’une association touristique la « Société Alsato-Vosgienne fut lancée par le Dr Faudel, secrétaire et animateur de la Société d’Histoire Naturelle de Colmar. Le but de cette association était de mieux faire connaître la chaîne des Vosges et de rendre l’accès du massif plus facile et plus agréable aux touristes.

 

La guerre de 1870-1871 et l’annexion de l’Alsace à l’Allemagne firent avorter l’oeuvre à peine commencée.
Reprise et élargie par le juge Stieve, favorisée par l’administration allemande, elle aboutit à la formation du « Vogesenclub » dont la première section vit le jour à Saverne 31 octobre 1872. Ci-dessous copie du document et sa traduction.

Appel à la création d’un Club Vosgien

Les Vosges sont restées jusqu’ici ignorées des touristes allemands et même de la plupart des Alsaciens-Lorrains : beauté de la nature et intérêt historique n’y sont pas moindres que dans les massifs allemands, mais il y manque presque partout ce que le touriste expérimenté ou non, est habitué à trouver. Même à proximité de localités très peuplées, les sentiers de montagne sont incommodes et mal signalés, les nombreux vieux châteaux tombent en ruine et sont envahis par la végétation. Les points de repos pour le randonneur fatigué manquent presque partout. À l’époque française, peu de choses ont été faites. Ce qui l’a été tombera en ruine si ceux qui aiment leur ancienne ou leur nouvelle patrie n’y remédient pas d’une main énergique. Il s’agit ici d’une affaire privée. L’état ne pourra s’engager que dans un deuxième temps. Mais même sans un tel soutien, nous souhaitons, avec des forces unies, obtenir un résultat.
Dans ce but, nous avons sur le modèle du Club Alpin esquissé des statuts, et nous demandons à tous ceux qui accepteront le principe de ces statuts de se regrouper en sections. La cotisation annuelle de 5 francs n’effrayera personne. Les sections seront d’autant plus efficaces que l’étendue de leur secteur sera limitée. En particulier, une section de l’association devrait être créée pour chaque subdivision de l’administration des forêts. Nous comptons également sur les citadins, qui viennent se détendre en montagne, non seulement sur ceux qui habitent les villes d’Alsace-Lorraine, mais également sur nos amis des villes du Reichsland, en vieille Allemagne.
Nous vous invitons à nous signaler jusqu’à fin novembre de cette année toutes les créations de section et les adhésions individuelles.
Des invitations seront alors lancées pour la tenue mi-décembre à Strasbourg d’une assemblée générale qui devra constituer définitivement l’association.

Octobre 1872

Pour le comité provisoire Stieve,

Conseiller au Landsgericht

C’est le 28 avril 1873 qu’est née la section du Club Vosgien de Thann avec 28 membres fondateurs et qui occupa le 12 ième rang par ordre d’ancienneté. On y trouve des fonctionnaires allemands, six militaires dont deux sous- lieutenants, un lieutenant, un capitaine, un médecin major, un chef de bataillon, le garde général STROHMEYER qui construira plus tard le sentier des roches et deux alsaciens le maire SONNTAG et le pasteur ERNWEIN. Le secteur s’étend des deux côtés de la vallée de Cernay à Wildenstein et au-delà.

Extrait de la première Assemblée générale du Club Vosgien à Strasbourg.

Vers 1880 la section se préoccupe de créer et publier une carte touristique de la vallée.

En 1883 création de la section de Saint Amarin.

Les Vogelstein (1889) et le Rocher d’Ostein (1890 sont munis de garde-fous métalliques.
La ruine du Herrenfluh est déblayée et rendue accessible.
Au Fichttannewàldela on élève un petit abri en rondins.

On aménage également un local pour touristes dans les fermes du Haag, du Grand Ballon, du Gsang, du Rossberg et du Molkenrain. Humbles précurseurs de nos refuges ces « Klubzimmer » sont munis chacun de deux lits et celui du Haag d’un fourneau et de quelques tableaux.

En 1890 création de la section de Cernay.

En 1891 le comité s’enrichit d’un « vergnügungsvorstand » autrement dit un membre chargé d’organiser des sorties collectives que la section avait commencées à programmer.

La section prend une part active dans la vie culturelle de la cité, avec des soirées de conférences historiques et scientifiques, fait exécuter des travaux de consolidation de l’Engelbourg à l’aide d’une subvention de 1100 marks attribués par le ministère Alsace-Lorraine et par une subvention de 200 marks accordée par la Conservation des Monuments Historiques.

En 1898 rentrent dans le comité deux alsaciens le rentier Hollweck et le négociant Zuber. C’est en l’honneur de ce dernier que le Club Vosgien devait baptiser par la suite le Kurenburg « Vue Zuber ».
Le 30 juin 1900, se tient à Thann le 30 ième congrès annuel du Club Vosgien. Venus en train spécial les dirigeants du comité central et les délégués de 35 sections sur 44 se réunissent à 19h00 à la salle de la mairie sous la présidence du Dr Euting président général. C’est à cette occasion que la feuille Thann-Masevaux de cartographie entreprise par le Club Vosgien est sur le point de voir le jour.

Courses (randonnées) réalisées en 1921

Travaux exécutés en 1922

Deux grands panneaux d’orientation portants indications, itinéraires, etc… sont mis en place au poste de police entre 1900 et 1910. Dans cette même période est érigé au Herrenstubenkopf un imposant échafaudage
« aussichtsturm »permettant de jouir d’un magnifique panorama, on réalise également le captage d’une source le « Dambüre-Brennala »située sous le pâturage du Rossberg.

En 1909 un grand projet fait les frais des discussions dans les milieux du club Vosgien, il s’agissait de la construction d’un hôtel au Rossberg. Mr Louis Zundel pouvait trouver la somme de 40 000 marks et le comité central du club Vosgien devait garantir cette somme à hauteur de 2 % jusqu’à ce que l’hôtel puisse vivre de ses propres moyens. L’affaire n’a pas eu d’autre suite car le comité central refusa l’effort financier puisque ayant déjà l’hôtel du Grand Ballon.
Vers 1910 il fallait régler un différend avec les propriétaires des terres que traverse le nouveau sentier reliant l’Engelbourg au Rosenbourg qui risquait d’être fermé. L’affaire se termine après de pénibles négociations par un accord, la section paye 120 marks aux propriétaires lésés lesquels cèdent le terrain utilisé pour le sentier.

En 1910 la section de Mulhouse fait don à la section de 105 indicateurs pour le jalonnement du secteur.
D’autres projets sont encore à l’étude lorsqu’ éclate la première guerre mondiale et on ne parla plus de Club Vosgien à Thann.
Dès le printemps 1919 un comité central provisoire se forme à Strasbourg en vue de la réorganisation du Club Vosgien sur tout le territoire des provinces recouvrées. Thann est parmi les premières sections à répondre présent à l’appel et à se faire représenter à la première assemblée générale du 1 juin 1919 à Strasbourg et c’est un membre de la section Jules Scheurrer qui est élu vice-président de ce nouveau comité central.
Louis Zundel se rend parfaitement compte qu’un brillant avenir touristique est réservé à Thann dont le nom, durant toute la guerre a sonné comme un clairon. Durant 4 ans Thann a été la capitale de l’Alsace Française, ville de front en ruines, point de départ de milliers de soldats vers le Hartmannswillerkopf. Les survivants et leurs familles voudront y venir pour revoir les lieux. Plus que jamais le Club Vosgien se remet au travail pour reconstituer la section, regrouper les membres dispersés et reconstruire le secteur devenu champ de bataille.

La tâche est immense et s’étendra sur plusieurs années tant les dégâts sont énormes et la main d’oeuvre rare.
Dès la première année dimanches après dimanches on s’attaque à la remise en état des sentiers et de leurs balisages aux alentours de Thann. L’administration forestière avec à sa tête Mr Toussaint un grand fervent de la montagne leur prête un précieux concours.
En 1919 la section décide son affiliation au Club Alpin Français du Haut Rhin.
Le 1er juin 1924 se tient à l’hôtel de ville de Thann le congrès annuel de toutes les sections, le cinquième depuis le retour de l’Alsace à la France sous la présidence de Mr Zundel, président du comité central. Plusieurs Thannois dont MM Weiss-Blocher et Louis Muller, sont nommés à cette occasion, membres d’honneur et au banquet servi en plein air à l’hôtel du parc, on célèbre dans une série de discours l’attrait de la cité de Thann, l’hospitalité de ses habitants et la vitalité de la section de Thann.
Entre 1925 et 1926, construction du refuge Emile Schubetzer avec inauguration le 2 mai 1926. (Voir détail sous la rubrique refuge)

Extrait du plan du refuge établi par Emile Schubetzer
en juillet 1925

Inauguration du refuge le 2 mai 1926

En 1928 se tient à Thann l’assemblée générale de la région 6.
Le 10 février 1931 la section adopte les statuts qui sont déposés au tribunal et qui sont encore valables en 2017.

Extrait des statuts du Club Vosgien Section de Thann du 10 février 1931

Au niveau de la cartographie les sommets de l’ancienne frontière France / Allemagne étaient nommés par cotes (ex : cote 1200) utilisées par l’armée. Celles-ci définissaient l’altitude du lieu. C’est en 1934 que sont nommés les sommets, qui aujourd’hui figurent sur les cartes.

Extrait de la lettre de Louis Zundel au C.V. de Saint Amarin pour définir le nom des sommets.

En 1935 est commémoré dans la joie le 25 ième anniversaire de la présidence de Louis Zundel et cette même année le C.V. avec l’aide du syndicat d’initiative, édite un guide dépliant de Thann.
En 1936 on fête le 10 ième anniversaire de la création du refuge et de la section de ski. Cette dernière, affiliée à la Fédération des Skieurs des Vosges, n’a cessé de faire preuve d’une ardente vitalité, se taillant maints succès aux courses organisées par la F.S.V.
En 1938 se tient une fois de plus à Thann l’assemblée générale de la région 6.
Dès le début de l’occupation en 1939 Louis Zundel est jugé « politisch unzuverlässig » indigne de rester à la tête de la section. C’est à sa demande que C. Jaegy se dévoue à assumer, pour la durée de la guerre la présidence, secondé efficacement par Emile Schubetzer, il réussira à force de ruser et de louvoyer à sauver le chalet de l’emprise nazie.
C’est parmi les habitués du refuge du Thanner Hubel, que le petit maquis établi vers la fin de la guerre, au Herrenstubenkopf, près de la Waldkapelle, trouve des soutiens. Un sort tragique s’abattra sur eux.

Le 18 octobre 1944, Anatole Jacquot est tué par un gendarme allemand au moment de la découverte du camp. Ses camarades Alfred Bucher, Charles Hugin, Edouard Cattaneo, du Club Vosgien et de la section de ski seront arrêtés par la suite et traînés de prison en prison. Ils seront assassinés par la gestapo le 6 décembre 1944 près d’Offenbourg avec 8 autres camarades de Thann, Vieux Thann, Cernay, Moosch et Bitschwiller les Thann.
Une stèle (photo ci-contre) s’élève à cet endroit. C’est pour cet évènement que Rammersweiller près d’Offenbourg s’est jumelé à Vieux Thann le 2 novembre 2003.

Après la libération, la section, regroupée par Louis Zundel, éprouve quelques difficultés à se remettre en marche pour reprendre la reconstruction de son secteur.
Alors que la renaissance de la section est acquise Louis Zundel meurt le 17 mars 1948. Sa disparition laisse un grand vide au sein du club dont il a mené la destinée depuis 1910, ainsi qu’au sein de la commission de l’hôtel du Grand Ballon qu’il a dirigé pendant une dizaine d’années.
Au lendemain de la guerre la section de ski est devenue Ski Club Vosgien de Thann. C’est Edouard Beha qui a pris la succession d’Emile Schubetzer en 1951, et c’est à cette même période qu’a été construit le remonte pente.
C’est en 1961 que la section s’est jumelée avec le Schwartzwaldverein de Lörrach.

Les présidents successifs de 1873 à nos jours

1873 – 1878 BERGMANN (Kreisdirektor)
1878 – 1883 Dr RIECHELMANN (directeur du collège de Thann) originaire de Wilhelmsburg près de Hambourg
1883 – 1884 Dr FREIDHOFF venu d’Obernai (directeur du collège de Thann)
1884 – 1888 Georges THOMANN (Garde général)
1888 – 1893 Jean-Baptiste THOMANN (maire de Thann et propriétaire de l’usine de gaz) né à Wintzenheim en 1821.
1893 – 1897 Dr CURTIUS (Kreisdirektor)
1897 – 1900 Dr Henri LEMPFRIED (directeur du collège de Thann) originaire de Waldkröl près de Cologne mais
de souche Alsacienne.
1900 – 1902 Mr LOUIS (professeur)
1902 – 1910 M. THEODOR (professeur au collège) né à Eschau dans le Bas Rhin
1910 – 1939 Louis ZUNDEL (ingénieur) né à Mulhouse en 1880
1939 – 1945 C. JAEGY (assure l’intérim pendant la guerre)
1945 – 1948 Louis ZUNDEL (ingénieur)
1948 – 1961 Joseph BAUMANN
1961 – 1972 Paul ERNST
1972 – 1979 Alfred CRONIMUS
1979 – 1993 Léonard JENN
1993 – Jean-Jacques GUTH

Les effectifs de 1873 à nos jours

En 1906 il y avait 237 membres ce qui plaçait la section de Thann 5 ième rang des Clubs Vosgiens.
C’est en 1998 que la section avait atteint le record de 721 membres. En 2017 nous étions 338 membres.
C’est en 1986 que Jacques CHIRAC, alors premier ministre adhéra à notre section ceci pendant 4 ans.
Notre but : Faciliter et favoriser la randonnée pédestre dans le massif vosgien par l’entretien de 206 kms de sentiers et de leur balisage dans les deux sens, l’entretien de notre refuge et de nos 10 abris.
Notre fierté : Ce sont nos sentiers et nos abris, le balisage notre image.